Heritage

Paul Martin

Paul Martin.    Photo Wikipedia

François Bregha

Pour appuyer la désignation de l’avenue Laurier Est comme « l’Allée des premiers ministres » et pour commémorer les autres personnages illustres qui ont habité la Côte-de-Sable au fil des ans, IMAGE publie une série de capsules sur nos anciens voisins distingués. Cette dixième et dernière dans la série rappelle le passage de Paul Martin dans notre quartier.

Notre vingt-et-unième premier ministre, Paul Martin, a vécu deux fois dans la Côte-de-Sable. Comme enfant entre 1945 et 1957, il a habité dans un appartement au 22, av. Goulburn et par la suite dans une maison louée au 448, av. Daly (une maison qui n’existe plus) pendant que son père était ministre sous le gouvernement de Mackenzie King. Il fréquentait à l’époque l’école Garneau sur la rue Cumberland, une école qui elle aussi a disparu. Dans son autobiographie, Martin raconte les défis que représentait la marche à l’école pour un jeune francophone à l’époque car son chemin l’amenait soit devant l’école anglophone protestante (Osgoode Public School, maintenant l’école publique Francojeunesse), soit l’école irlandaise catholique (St. Joseph, sur l’av. Laurier, qui n’existe plus). D’une façon ou d’une autre, il risquait des coups!

Même si son père était ministre, les actualités intéressaient peu le jeune Martin qui préférait les sports. Il a quand même posé un de ses premiers gestes politiques à ce moment-là quand il a lancé des cailloux contre l’ambassade soviétique sur la rue Charlotte, une action qui lui a valu une réprimande sévère de la police et de son père.

Quarante ans plus tard, entre 1994 et 2003, Martin et son épouse Sheila ont vécu au 274, av. Daly dans la même maison que Sir Charles Tupper, le sixième premier ministre du Canada, occupa 125 années plus tôt. Martin était alors le ministre des Finances dans le nouveau gouvernement de Jean Chrétien et il était résolu à éliminer le déficit fédéral qui perdurait d’année en année. En janvier 1995 d’ailleurs, le Wall Street Journal avait publié un éditorial traitant le Canada de « membre honoraire du Tiers Monde » à cause de sa dette gouvernementale grandissante. Quelques mois plus tard, Martin a déposé un des budgets les plus radicaux de l’histoire du Canada dans le but de rétablir l’ordre des finances publiques. Martin était l’architecte principal de ce budget qui sabrait profondément dans les programmes gouvernementaux et réduisait les transferts aux provinces. Martin affirme que sa détermination d’éliminer le déficit quelles que soient les conséquences politiques (1995 était l’année du deuxième référendum au Québec) a plusieurs fois mis à l’épreuve ses rapports avec le premier ministre. Martin démissionna éventuellement après avoir présidé à une série de surplus budgétaires mais resta à sa demeure sur l’av. Daly jusqu’à ce qu’il devienne premier ministre à son tour en décembre 2003.