Heritage

Si la Côte-de-Sable nous était contée…

François Bregha

La maison au coin de Laurier est et King Edward était construite pour le colonel Charles-Eugène Panet, sous-ministre de la Milice et de la Défense de 1875 jusqu’à sa mort en 1898.

Le mois de juin, mois de la St-Jean et du Festival Franco-ontarien, nous rappelle que la Côte-de-Sable a un riche patrimoine francophone même s’il n’est plus aussi visible qu’autrefois. On sait que la Côte-de-Sable a été fondée par un francophone, Louis-Théodore Besserer, qui avait hérité en 1824 d’une vaste propriété de 124 acres au nord de ce qui est maintenant l’avenue Laurier.  Il a bâti maison vingt ans plus tard à l’angle des avenues Daly et King Edward, une maison qui existe toujours.

Le plus célèbre des Canadiens français à avoir habité notre quartier fut sans doute Sir Wilfrid Laurier qui vécut dans la maison qui porte maintenant son nom de 1897 jusqu’à sa mort en 1919. Mais il est loin d’être le seul politicien francophone important à s’être établi ici. Nommons entre autres Napoléon Belcourt, député d’Ottawa, puis sénateur et ardent défenseur des droits linguistiques des Franco-Ontariens, et Ernest Lapointe, le lieutenant québécois habile et incontournable de Mackenzie King. Ils ont demeuré respectivement sur l’avenue Goulburn et la rue Chapel.

Au fil des ans, la Côte-de-Sable a aussi compté plusieurs écrivains renommés tels Marie-Rose Turcot, Benjamin Sulte et Séraphin Marion. Une plaque historique de la province de l’Ontario, placée à côté de la bibliothèque publique sur la rue Rideau, rappelle le passage de Marie-Rose Turcot à Ottawa tandis que l’Université a nommé une des rues sur son campus en l’honneur de Séraphin Marion.

Plus surprenant est le fait qu’Alphonse Desjardins, le fondateur des Caisses du même nom, ait aussi vécu dans la Côte-de-Sable à au moins trois adresses différentes : sur Nicholas, Daly et Laurier. M. Desjardins a travaillé comme sténographe à la Chambre des Communes pendant 25 ans. Bien qu’il ait maintenu son adresse permanente à Lévis, il louait une chambre en ville pour les périodes pendant lequelles le Parlement siégeait.

Un autre homme d’affaires, Honoré Robillard, a laissé un legs permanent dans notre quartier avec la construction des très belles maisons en rangée sur l’avenue Daly, les Terrasses Philomène, nommées pour sa première épouse.

Mais ce sont probablement les communautés religieuses, telles les Pères Oblats, les Sœurs Grises et autres, qui pendant des décennies ont assuré la présence francophone dans la Côte-de-Sable. Ce sont elles qui ont géré les écoles, incluant l’université, et construit les églises. Si certains de ces bâtiments ne sont plus (par exemple, le couvent de la rue Rideau et l’école Garneau), plusieurs maisons du quartier qui ont servi d’école ou de maison de retraite à ces communautés existent toujours même si leur vocation a changé.

Cette vitalité explique le choix de Radio-Canada de situer un télé-roman d’une soixantaine d’épisodes dans la Côte-de-Sable au début des années 60. Des écrivains aussi divers que Lionel Groulx et Daniel Poliquin se sont aussi servi de notre quartier comme milieu pour certains de leurs romans.

La proportion de francophones a beau avoir diminué au cours du siècle dernier, grâce à la présence de l’université, de l’École Francojeunesse et de l’église Sacré-Cœur le français s’entendra encore longtemps dans nos rues.

Si vous vous intéressez au patrimoine francophone de la Côte-de-Sable, partez à sa découverte lors d’une promenade guidée de Patrimoine Ottawa le dimanche 22 juillet prochain à 14 h (frais de 10 $, 5 $ pour les membres de Patrimoine Ottawa). La visite commencera devant la maison Besserer. Pour plus d’information, visitez le site Web de Patrimoine Ottawa https://heritageottawa.org/fr/promenades.