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L’association MICA célèbre l’art au parc Strathcona

Mohamed Amine Harmach

Photo Betsy Mann

Le soleil a bien été au rendez-vous le samedi 10 août à Ottawa. Un temps idéal pour l’événement “Art au parc Strathcona”, organisé chaque année par la “Mental Illness Caregivers Association” (MICA).

Artistes, artisans et citoyens de tous horizons ont investi les sentiers de l’emblématique parc Strathcona, où on pouvait voir s’affairer des bénévoles et partenaires communautaires de MICA, association qui oeuvre à soutenir les proches aidants en santé mentale (aussi appelés aidants naturels ou aidants familiaux). Le slogan de MICA, “Personne ne marche seul, nous marchons avec vous”, prenait tout son sens ce jour-là.

Dans un décor idyllique, des dizaines d’exposants ont présenté leurs œuvres directement au public. Peintures, sculptures, littérature, bijoux, poterie, musique, danse, produits apicolesÉ Il y en avait pour tous les goûts.

Certains n’ont pas manqué de saisir l’opportunité pour sensibiliser la population à la santé mentale. “Nous sommes tous touchés d’une manière ou d’une autre par les problèmes de santé mentale, que ce soit à travers un membre de la famille, un ami ou un collègue”, a déclaré Paul McIntyre, président de MICA.

Il a ainsi souligné l’importance de lutter contre les fausses idées, la peur et la stigmatisation associées à la maladie mentale, qui peuvent décourager les gens de chercher de l’aide pour eux-mêmes ou pour un membre de leur famille. Mais selon le président de MICA, Art au parc Strathcona est avant tout destiné “à profiter du beau temps et à célébrer l’art, ensemble, de manière inclusive”. Et justement, les participants venaient tous d’horizons différents et avaient chacun une histoire à raconter.

Parmi eux, Derrick Hewitt, un artiste micmac originaire de Terre-Neuve-et-Labrador, est très impliqué dans le travail caritatif. Avec sérénité et courtoisie, il accueille les curieux devant son stand et explique ses créations: des œuvres à base de touffetage de poils d’élan et de caribou, ainsi que des tambours qu’il n’hésite pas à faire sonner. Confectionnée avec beaucoup d’amour et dans le respect des traditions micmaques, chaque pièce demeure unique et le résultat d’un travail patient et attentif.

“L’art a définitivement des vertus thérapeutiques”, plaide Hewitt du haut de ses 25 années de carrière artistique. En mobilisant la partie créative du cerveau, assure-t-il, on peut “s’exprimer au lieu d’enfouir son mal”.

Ancien officier de la Gendarmerie royale du Canada, retraité depuis 2020, Derrick Hewitt a été diagnostiqué en 2012 d’un trouble de stress post-traumatique, à la suite de son expérience professionnelle qui impliquait une confrontation directe et personnelle à la mort potentielle, la sienne ou celle des autres.

En parlant et en cherchant l’aide auprès de professionnels, il a pu affronter la maladie et développer des mécanismes de protection pour aller de l’avant. Résilient, le  parcours de vie de Hewitt inspire désormais d’autres dans son corps de métier (militaire et paramilitaire),  à rompre le silence et à garder une lueur d’espoir.

Cette journée au parc Strathcona visait, par ailleurs, à collecter des fonds au profit de MICA. À cet effet, une vente aux enchères d’œuvres d’art a été organisée. Ses bénéfices, au même titre que les frais de participation des exposants, aideront à promouvoir la cause de l’association.

Elizabeth Twiss, artiste spécialisée depuis plus de 20 ans dans la peinture à l’acrylique et à l’huile, participe pour la première fois à Art au parc Strathcona, contribuant ainsi à cette collecte de fonds “J’ai moi-même été proche aidante depuis que ma mère a été atteinte de démence”, a confié Twiss, saluant le travail énorme que les proches accomplissent tous les jours. En effet, les proches aidants en santé mentale sont estimés à plus de 8 millions de Canadiens. Ils constituent une force de travail qui, selon des chiffres de MICA, fournit chaque année l’équivalent de 2,8 millions de journées rémunérées de prestataires de soins.

C’est dire la place qu’occupent ceux qui, souvent au dépens de leur santé, prennent en charge un proche souffrant d’une maladie mentale ou ayant des troubles d’addiction. Sauf que cette communauté fait face aujourd’hui à un véritable défi qui nécessite de trouver une solution d’urgence. Il est en effet question du vieillissement de la population des aidants en santé mentale.

“Quand un proche aidant s’en va, la personne malade perd le seul soutien qui lui permettait de continuer à vivre en sécurité chez elle”, explique M. McIntyre. “Et ce sont les plus vulnérables de notre communauté qui en payent le prix”, poursuit-il.

“Nos enfants risquent de perdre leur toit, de sombrer dans la consommation d’alcool, dans plus d’usage de drogue, d’être livrés à l’abandon, à la solitude, ou à des situations nécessitant de recourir au 9-1-1É”, s’inquiète le président de MICA, déterminé à attirer l’attention des acteurs concernés sur la question.

Dans ce sens, MICA propose d’enclencher des discussions dans les prochains mois avec le gouvernement et d’autres parties. L’objectif est de mettre en place un programme pour anticiper le départ des proches aidants, et surtout pour développer des ressources tierces capables de comprendre parfaitement les besoins des personnes malades et de les combler. Tout un art !

It was a beautiful day on August 10 for the Art in Strathcona Park Exhibition and Sale, an annual fundraiser and awareness-raising for the Mental Illness Caregivers Association. IMAGE salutes our Stewart St. neighbour Rosemary Scragg who started up the event more than a decade ago. We missed seeing her at her own booth this year.
Photo Mohamed Amine Harmach